Alliance harmonieuse du Taichi chuan , du Qiqong , du Yoga et de la Méditation
YOGA TAICHI 91
Christian RASOTTO
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Le kalaripayatt
Le kalaripayatt est serement une des plus vieilles pratiques martiales existant e notre epoque. Cet art puise son origine dans leart de la guerre antique de leInde (Dhanurveda) et la medecine traditionnelle indienne (Ayurveda).
La croyance veut que le dieu Parasurama, fondateur legendaire de la region du Kerala (sud-ouest de leInde), un des avatars de Vishnu, pour proteger son peuple et veiller e son evolution, ait enseigne leart du Kalaripayatt e vingt et un gurus.
Les statues de certains temples attestent deune pratique martiale dans le sud de leInde des le IVeme siecle, mais le Kalaripayatt a vraisemblablement ete elabore sous sa forme actuelle entre le XIIeme et le XIVeme siecles. La caste guerriere des Nayars obtint le droit exclusif de la pratique des armes et de leentraenement guerrier des les XIeme et XIIeme siecles.
Leassociation des termes kalari (e lieu de pratique e) et payattu (e exercices e) neest pas si ancienne et regroupe differentes ecoles, styles et traditions. On retrouve aujourdehui ces ecoles classees en trois styles : le style du Nord (cete de Malabar), le style du Sud, plus proche de la tradition tamoule, autrefois designe sous leappellation varma ati (e attaque des points vitaux e), et un style e du centre e, proche des deux autres styles. En fonction des ecoles, les termes employes sont en malayalam (la langue du Kerala), en tamoul et parfois meme en sanskrit. Le kalaripayatt est issu de differentes traditions deorigines sanskrites et dravidiennes.
Comme en attestent certains ecrits europeens de la fin du XVeme siecle, le Kalaripayatt seest mis e jouer progressivement un rele socio-politique important.
Learrivee en Inde des Portugais et des differents pouvoirs coloniaux (hollandais, franeais et anglais), de missionnaires, de soldats, ainsi que leintroduction des armes e feu, vont changer la donne et le Kalaripayatt va perdre de son prestige. Certaines familles Nayars vont alors cesser leur pratique traditionnelle.
Leinterdiction de la pratique par les Anglais va obliger le Kalaripayatt e se cacher et presque e disparaetre. Mais le Kalaripayatt va reapparaetre sous leinfluence de C.V.Narayanan Nayar et de son professeur, dans les annees 30
Le Kalaripayatt neest, pour ainsi dire, pratique queau Kerala. Il existe neanmoins quelques ecoles au Tamil Nadu et au Karnataka.
Malgre des tentatives de federer, organiser, voire uniformiser toutes ces ecoles si riches de leurs differences, on ne connaet pas le nombre exact de kalaris ou de pratiquants en Inde. On estime toutefois e plus de 600 le nombre de kalaris.
Le Kalaripayatt est devenu au cours des siecles, un symbole de tradition et de savoir-faire de leidentite keralaise.
Malgre ce statut prestigieux, il devient aussi un art desuet, image du passe medieval du Kerala. Les jeunes Indiens lui preferent aujourdehui le Karate ou le Kung-fu (Wu-shu) qui les font rever depuis les salles de cinema, qui projettent films bollywoodiens et hong-kongais.
Aujourdehui, le Kalaripayatt, qui faisait partie integrante de leeducation des jeunes Nayars, est ouvert e toutes les castes et religions. Gareons et filles commencent generalement la pratique entre 6 et 10 ans. Les filles searretent souvent de pratiquer au moment de la puberte. Les gareons attendent quant e eux deavoir 20/25 ans et cessent leur entraenement lorsqueils fondent un foyer ou se mettent e travailler.
Certains passionnes poursuivent leur formation jusquee atteindre le plus haut niveau et parfois enseigner e leur tour. On commence aussi e voir dans les kalaris des adultes qui debutent et pratiquent le Kalaripayatt comme e loisir e.
Les maîtres du kalaripayatt gardent de toute maniere un statut privilegie puisqueils sont les depositaires de secrets ancestraux empreints de tradition et de mysticisme.
Il est e noter queils vivent souvent de la pratique de la medecine ayur-vedique et de massages traditionnels et non pas du kalaripayatt.
Cette voie martiale qui tend aujourdehui e disparaetre se voit flattee de leinteret grandissant de pratiquants occidentaux.
Tout deabord, en Inde, on commence par preparer le corps e la pratique par le biais de massages ayur-vediques typiques du kalaripayatt (kal uliccil). Mais la pratique du Kalaripayatt e proprement parler, commence - apres differentes salutations plus ou moins elaborees et variees en fonction des kalaris - par des lances de jambes : on fait des aller-retours en laneant les jambes leune apres leautre selon un systeme de balancier. Cet exercice sert e assouplir le corps et developper leenracinement et le lecher-prise, mais il tient lieu aussi deechauffement. On pratique ensuite des enchaenements tels que les meypayatt (e exercices du corps e), combinaisons de frappes, sauts et deplacements. Un autre exercice permet deenchaener les postures, inspirees des animaux (ajta vadivu), mais il existe dans certaines ecoles deautres enchaenements tels que les caekuttipayatt (esquives, travail du souffle et frappes au sole), les chumattadi (techniques de defenses et deattaques repetees dans les quatre directions) ; ou des enchaenements e deux.
Vient ensuite le travail des armes : betons longs et courts, couteaux et dagues (le kattaram, qui se tient comme un e poing americain e, la lame dans le prolongement de leavant-bras), puis enfin le sabre et le bouclier ou la lance. Les ecoles de Kalaripayatt travaillent aussi des armes diverses telles que leotta (arme en bois incurvee e la maniere deune defense deelephant), des massues ou des arbaletes, et surtout leurimi, consideree comme learme des maîtres ; ceest une sorte deepee dont la lame est flexible, sa manipulation difficile la rend tres dangereuse.
Suite e cette formation, e la connaissance et maetrise des nombreux enchaenements et e combats e codifies (il ney a pas vraiment deimprovisation possible avec ces techniques prevues pour tuer), leeleve apprend e e toucher e les points sensibles du corps ; il aborde alors la partie medicinale du Kalaripayatt et apprend e son tour e masser, voire e soigner.
Certains specialistes racontent que, venant deInde, Boddhidarma aurait enseigne un art martial aux moines bouddhistes de Shaolin (Chine), donnant naissance aux nombreuses ecoles de Wu-shu, elles-memes e leorigine du Karate ; mais cela reste une legende.
A mon avis, le Kalaripayatt neest pas le pere de tous les arts martiaux asiatiques. Il est neanmoins une des rares pratiques de combat e avoir ete si peu modifiee.
Comme dans la plupart des e arts martiaux e asiatiques, le Kalaripayatt comporte des e rituels e , salutations au kalari (equivalent du Dojo japonais), au maître, e ses ancetres, mais aussi aux divinites, deautre part, le respect qui unit le maître et leeleve est primordial.
Par ailleurs, on prepare le corps e la pratique et au combat, par le biais deassouplissements, de sauts, de travail deendurcissement des avants bras e la maniere des Kote-kitae deOkinawa et du Kat-sam-sing de la boxe chinoise ; on peut meme voir devant certains kalaris des pratiquants travailler sur des palmiers, ce qui neest pas sans rappeler le e mannequin de bois e chinois ou le makiwara japonais. Cette preparation est renforcee par le travail de la respiration, tantet silencieux, tantet sonore, et toujours en relation avec le mouvement et leenergie.
Les nombreux enchaenements pratiques sont aussi une constante dans les arts martiaux deExtreme-Orient (les fameux Kata japonais et autres Tao-lu, Quyens, Poom-see ou Lanka).
On retrouve aussi ailleurs (Birmanie, Chine ou Indonesie) la pratique de postures et techniques inspirees des animaux (les zoomorphies). Certaines positions font penser au Zen-kutsu du Karate ou au Ma-bo du Kung-fu Wu-shu.
Si certaines armes sont typiques au Kalaripayatt, deautres se rapprochent dearmes plus connues. La lance, dont le manche est relativement souple, est tres proche de celle utilisee dans de nombreuses ecoles chinoises par exemple. On retrouve aussi leutilisation de betons, plus ou moins longs, plus ou moins souples et plus ou moins lourds dans presque toutes les traditions martiales. Il faut noter aussi leutilisation du cottaccan, sorte de e poignee e depassant legerement de chaque cete du poing pour frapper les e points vitaux e, que leon retrouve en Pencak-silat et dans leArnis philippin.
Aujourdehui, leart ancestral et guerrier du Kerala nea plus une destination guerriere, mais est devenu une methode de contrele de soi et deaccomplissement personnel ; ceest aussi une methode de bien etre. Bien que la necessite deavoir un esprit pret e affronter la mort et toutes sortes deepreuves neexiste plus, le Kalaripayatt conserve une dimension spirituelle certaine. Les exercices pratiques aident e rendre le corps plus souple, tonifier les muscles et developper leenergie interne afin de rendre leesprit plus fort. Le Kalaripayatt neest pas seulement une methode deautodefense ou un art ancestral, il implique une hygiene de vie, un engagement du corps et de leesprit. Le Kalaripayatt partage de nombreux principes avec la medecine ayur-vedique, mais aussi avec le yoga. La pratique a pour but, e partir de la forme externe, de decouvrir la face interne de la pratique et de developper notre energie subtile et profonde ; or il apparaet difficile, en particulier en Extreme-Orient, de parler deenergie lorsqueil seagit de leetre humain, sans parler de mental et de spiritualite.
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